Près de 100.000 manifestants à Bruxelles: résumé de cette journée de manifestation
Alors que la police a dispersé les derniers activistes rassemblés devant le siège du MR peu avant 15h, il est temps de faire le point sur cette journée.
Entre 60.000, selon la police, et 100.000 personnes, selon les syndicats, ont battu le pavé à Bruxelles pour dénoncer les mesures annoncées par le gouvernement fédéral.
"C'est surtout l'aspect des fins de carrière qui est tout à fait inacceptable", souligne la FGTB
Thierry Bodson souligne que cette "très forte mobilisation" intervient alors que deux récentes manifestations avaient déjà attiré quelque 30.000 mécontents et qu'une grève générale se profile le 31 mars. À ses yeux, cela démontre l'opposition de la population aux mesures annoncées par le gouvernement fédéral tout juste formé.
"C'est surtout l'aspect des fins de carrière qui est tout à fait inacceptable. Les gens commencent à comprendre qu'il n'y a plus aucune possibilité dans ce pays d'arrêter de travailler avant 67 ans", souligne le président du syndicat socialiste.
Pour M. Bodson, le gouvernement doit "se rendre compte" qu'il doit changer de fusil d'épaules pour "tout ce qui concerne les aspects de flexibilité et de fin de carrière". Le président de la FGTB demande également une "véritable concertation", alors que "pour ce gouvernement, la concertation c'est : ils nous donnent le menu et puis il faut qu'on (syndicats et patronat, NDLR) se mette d'accord sur le menu. (...) D'habitude, ce sont les patrons et les syndicats qui se mettent d'accord et qui ne reçoivent pas de la part du gouvernement des indications sur ce qu'ils doivent faire", a-t-il glissé.
Les partenaires sociaux ont été reçus mercredi par le Premier ministre Bart De Wever, "ce qui est positif" étant donné que le gouvernement n'est formé que depuis une semaine, reconnaît le syndicaliste. Cependant, l'homme regrette que le gouvernement ait "déjà tout dit sur les fins de carrières, les salaires, la formation minimale des travailleurs, la flexibilité", ce qui constitue "le package habituel" d'un accord interprofessionnel, négocié entre patronat et syndicats.
L'inquiétude du monde du travail "ne peut être balayée d'un revers de la main", indique la CSC
"La mobilisation est importante, nous le savions et le sentions parce que l'inquiétude et la colère sont vraiment importantes dans le monde du travail", a souligné la secrétaire générale de la CSC, Marie-Hélène Ska. "Cette inquiétude doit être prise en compte et ne peut être balayée d'un revers de la main", a-t-elle insisté.
Aux yeux de la secrétaire du syndicat chrétien, l'accord de gouvernement "est très déséquilibré. Sur 23 milliards d'euros d'économies, plus de deux tiers seront faits par les travailleuses et les travailleurs", a dénoncé Mme Ska. "Ce n'est pas en appauvrissant une partie de la population qu'on enrichit et qu'on fait se porter mieux l'ensemble de la population et de l'économie", a-t-elle fustigé. La secrétaire générale de la CSC souligne toutefois le signal positif "donné par le Premier ministre" Bart De Wever, en invitant mercredi les partenaires sociaux à discuter. "Ce fut une rencontre cordiale mais le fond (...) reste des mesures totalement déséquilibrées pour le monde du travail". Marie-Hélène Ska juge par ailleurs que le "patronat engrange sans problème toute une série de mesures qui flexibilisent le monde du travail, qui font des travailleurs et travailleuses des outils que l'on peut prendre et jeter facilement". Elle juge que "ce n'est pas comme ça qu'on construit un avenir, ce n'est pas comme ça qu'on respecte les droits des uns et des autres". La contestation du gouvernement fédéral tout juste formé se poursuivra le 31 mars, avec une grève générale. "Ce sera une étape et pas un point final. Chaque fois et aussi longtemps que cette injustice sera présente, nous serons là pour dire que ce n'est pas comme ça que les choses doivent se passer", a prévenu Mme Ska.
Quelques interpellations devant le siège du MR
Après avoir actionné à plusieurs reprises l'autopompe située devant le siège du parti libéral et lancé du gaz lacrymogène, la police a attendu la fin du cortège de la manifestation pour commencer à disperser la foule. Dans leur tenue "de combat", les policiers se sont alors déployés pour faire reculer les derniers activistes vers la gare du midi.
Plusieurs altercations ont eu lieu entre des policiers et des manifestants. Certains ont reçu des coups de matraque de la part des policiers. Certains ont été interpellés. L'un ou l'autre pompier a aussi été appréhendé. L'hélicoptère de la police a également été déployé pour surveiller du ciel l'évolution de la situation.
Le calme est revenu assez rapidement sur la petite ceinture, et donc devant le siège du MR.
Une dernière altercation est survenue devant la gare du Midi, avant que les tous derniers activistes soient invités à y entrer et à prendre le train pour rentrer chez eux. Le calme y est revenu en une dizaine de minutes et les policiers ont commencé à se retirer, tout comme l'hélicoptère des forces de l'ordre qui avait été déployé.