Tendance autoritaire, déficit de concertation, impact généralisé des mesures d'austérité, cela explique, selon le sociologue Bruno Frère, pourquoi les réactions et manifestations sont si vives face aux mesures annoncées par les différents gouvernements.
Depuis les grèves des années 60 et les manifestations face aux mesures d'austérité prises dans les années 80, on n'avait plus vu de réaction d'une telle ampleur de la part des syndicats et des citoyens . Selon le sociologue Bruno Frère, la Belgique est face à un tournant politique ce qui explique la résistance sociale en cours.
Le 14 octobre dernier, entre 80 000 et 140 000 personnes ont manifesté dans les rues de la capitale, à l’appel des syndicats, pour s’opposer aux diverses mesures annoncées par le gouvernement Arizona. Depuis sa mise en place et celles du gouvernement régional wallon ainsi que celui de la Fédération Wallonie Bruxelles, de nombreux secteurs ont manifesté leur mécontentement par diverses actions qu’il s’agisse des policiers, des agents pénitentiaires, des travailleurs du secteur des soins de santé, des crèches, de l’énergie, des enseignants, des douaniers.
La résistance sociale continue avec trois jours de grève nationale qui débutent ce lundi avec la grève des transports, mardi celle des services publics et mercredi dans celle des salariés dans le secteur privé.
Pour Bruno Frère, sociologue et philosophe, professeur à l’ULiège et chercheur honoraire au FNRS, la démocratie belge fait face à un tournant politique.
D’une part, les gouvernements fédéral et régionaux s’écartent de la tradition de concertation sociale propre à notre pays. Dans une forme de gouvernance relativement autoritaire ils n’entendent plus, ou ne convient plus à la table des négociations, les représentants des différents secteurs.
Ensuite, les mesures prises touchent quasi l’ensemble de la société : les enseignants, les travailleurs du service public, ceux des soins de santé, ceux du secteur privé, ceux des universités, les bénéficiaires d’allocations sociale, les retraités, …
Pour le sociologue, les citoyens prennent conscience que la sécurité sociale, élaborée au fil des décennies grâce à la mobilisation des travailleurs, est peu à peu vidée de sa substance. Plus instruits que par le passé, ils sont plus conscients des enjeux et plus critiques vis-à-vis des mesures annoncées.