À quelques heures des congés d’automne, les enseignants liégeois ont décidé d’organiser des actions symboliques pour dénoncer les réformes annoncées dans l’enseignement. Durant la dernière heure de la matinée, ils ont formé une chaîne humaine.
Une chaîne humaine contre la réforme de l'enseignement, c’est l’action menée rue Hors-Château par 400 manifestants issus des quatre écoles présentes dans la rue. Tous les dix participants, un masque blanc était distribué pour symboliser un enseignant susceptible de perdre son emploi. Une conséquence des mesures d'économie du gouvernement, qui prévoit deux périodes de cours supplémentaires pour les enseignants du secondaire supérieur.« C’est 10 % de notre charge de travail en plus. Donc ça veut dire qu’il y a dix pour cent des enseignants qui s’en vont », explique Vincent Savelkoul, enseignant à l’Institut Marie-Thérèse.« On est sur un siège éjectable. Donc si on n’est pas nommé l’année prochaine, avec ces nouvelles mesures annoncées, on risque de perdre notre boulot », explique Marie Antonini, enseignante au Collège Saint-Barthélemy.
« Je suis une jeune enseignante, j’enseigne depuis maintenant trois ans. J’ai choisi ce métier avec passion. J’ai envie d’un enseignement de qualité pour mes élèves, et je ne cherche pas à enseigner moins. Mais on casse tout, en fait », explique Coline Vanherck, enseignante au Collège Saint-Barthélemy.
Parmi les manifestants, de nombreux élèves futurs enseignants ont aussi exprimé leurs inquiétudes face à un avenir professionnel de plus en plus incertain.« La plupart des maîtres de stage me disent que maintenant, c’est fini. D’autres disent aussi : “Voilà les gars, pensez peut-être à vous réorienter, parce que là, ça devient vraiment un peu le bordel!” Donc honnêtement, ça fait un peu peur », explique Eliane Ntungulu, élève à l’Institut Sainte-Croix HELMo.
« Ça veut dire que pendant quelques années, il n’y aura plus de place pour aucun prof, et il faudra attendre les départs à la retraite pour pouvoir réintégrer le métier. Donc ça veut dire que tous ceux qui sortent de Sainte-Croix cette année ou l’année prochaine, et tous les jeunes profs qui perdent leur emploi maintenant, vont avoir beaucoup de mal à retrouver un poste dans l’enseignement », poursuit Vincent Savelkoul, enseignant à l’Institut Marie-Thérèse.
Pour les enseignants, l’école ne doit pas être sacrifiée sur l’autel de l’austérité, car les décisions gouvernementales auront des répercussions directes sur les conditions d’apprentissage des jeunes et, à terme, sur leur avenir.