Face à l'émoi suscité par son projet de réformer les médias de proximité, la ministre des Médias Jacqueline Galant (MR) a assuré mardi vouloir donner toute sa place à la concertation et au dialogue.
Interrogée mardi en commission du parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, la ministre des Médias, Jacqueline Galant, a répété que le plan présenté la semaine dernière aux media de proximité constituait une "pièce à casser", et non un plan qu'elle entendait imposer tel quel.
"Les discussions sont donc encore en cours malgré les quelques réactions émotionnelles que nous avons pu observer", a souligné la ministre en réponse aux questions de nombreux députés.
Alors qu'elle propose de construire cette réforme avec les acteurs, Mme Galant a toutefois dit mardi "regretter le manque de propositions innovantes de la part de certains opérateurs concernés". Elle espère dès lors en avoir plus lors de la prochaine rencontre avec le secteur ce 10 juin.
Dans un objectif de rationalisation, la ministre Galant a proposé la semaine passée de réduire de 12 à 8 le nombre de médias de proximité (ex-télés locales) d'ici 2031.
Concrètement, chaque province ne compterait plus, en 2031, qu'un seul média de proximité, à l'exception des provinces du Hainaut et de Liège qui pourraient en avoir deux vu leur poids démographique plus important.
Les conséquences de cette réforme se feraient surtout sentir dans le Hainaut, qui compte aujourd'hui quatre médias de proximité, ainsi qu'en province de Namur, qui en a trois répartis sur son territoire. L'annonce de ce projet y a d'ailleurs suscité pas mal de réactions d'élus locaux, ainsi que de téléspectateurs attachés à leur média local.
Cet émoi a logiquement transpiré mardi en commission du parlement, donnant par moment lieu à des échanges très vifs entre députés de la majorité et de l'opposition.
Dans les rangs de la majorité, Olivier Maroy (MR) a salué réforme indispensable à ses yeux vu les difficultés rencontrées par plusieurs médias de proximité. « Il n’y a pas d’autre avenir », a-t-il mentionné. "Si l'on ne fait rien, dans dix ans, la moitié auront disparu!", a-t-il notamment averti.
Dans les rangs de l'opposition de gauche, le ton était tout autre. Que ce soit pour Laurent Devin (PS), Amandine Pavet (PTB) ou Stéphane Hazée (Ecolo), le projet tel que présenté aura pour effet de réduire le pluralisme des médias, de nuire à la qualité de l'information de proximité, mais aussi de fragiliser les liens et la cohésion dans les différents bassins de vie. Pour Bénédictine Linard (Ecolo), le redéploiement des médias de proximité demande davantage de soutien.
Critiquée à gauche, la réforme de la ministre Galant semblait mardi matin contestée jusqu'au sein même de la majorité. En effet, dans les colonnes du Soir, la députée des Engagés Armelle Gysen se montrait très critique envers le projet, estimant notamment que celui-ci ne représentait "pas la vision du gouvernement" et n'était pas conforme à l'accord de majorité.
Des propos qui n'avaient pas manqué de susciter une réaction musclée du camp libéral. "Nous ne lâcherons rien, ce que propose Jacqueline Galant, c'est la ligne de départ", avait répliqué Georges-Louis Bouchez sur Bel-RTL.
Quelques heures plus tard en commission du parlement, la tension au sein de la majorité semblait toutefois nettement retombée, du moins en façade.
Présente pour la discussion avec la ministre Galant, Mme Gysen y a en effet tenu des propos bien plus modérés, la centriste disant notamment appuyer la "dynamique de concertation" dans laquelle la ministre Galant entendait se positionner.
Un changement de ton directement relevé par Ecolo: "Hier, vous étiez aux barricades. Aujourd'hui, vous êtes de retour dans la remorque du MR...", a grincé Bénédicte Linard.
« Cette réforme ne mettra ni en péril l’ancrage local, ni en cause le pluralisme, ni en danger la démocratie locale. Bien au contraire, elle constitue une opportunité de créer de véritables pôles médiatiques locaux, solides, pertinents et objectivement financés », a répondu Jacqueline Galant, concluant être animée par « le courage de changer », à savoir « accepter de déplaire, parfois même à ses propres élus lorsque l’enjeu dépasse les intérêts partisans ».