Il est environ 20h00 mardi soir lorsque l’alerte est donnée. Plusieurs drones sont identifiés au-dessus de l’aéroport de Liège. La police locale intervient. "Nos équipes ont été appelées sur le terrain pour un survol de drones au dessus de l'aéroport. Nous avons eu l’info que l'aéroport était fermé. On nous a demandé d'aller sur place pour voir éventuellement si on savait détecter un drone ou l'autre. On n'a peut-être pas non plus les moyens visuels pour pouvoir détecter ça, mais on n'a rien détecté de particulier en tout cas. On a essayé d'observer des comportements suspects, mais sans succès", explique Geoffrey Lavergne, Chef de corps de la police locale de Grâce-Hollogne/Awans.
Conséquence : l’espace aérien est resté fermé un long moment durant la nuit. Huit vols ont du être déviés vers d’autres aéroports, alors que sur le tarmac de Liege Airport, une vingtaine d’avions ont été retardés. Pour Samuel Longuet, chercheur au Groupe de recherche et d'information sur la paix et la sécurité (GRIP), c’était le but recherché. "S'il s'agit bien d'une opération de déstabilisation coordonnée par un acteur étatique, perturber le trafic aérien gêne les passagers et fait perdre de l'argent aux compagnies aériennes et aux aéroports. Ces survols peuvent aussi chercher à faire peur aux décideurs politiques et à la population."
Un avis que partage Jean-Yves Leclercq, instructeur au sein de l'École du Drone à Villers-le-Bouillet. Selon lui, les auteurs voulaient que les drones soient repérés. "Un drone est capable de voir de très loin et d'observer sans être vu. Donc on peut supposer que les gens qui actuellement perturbent les aérodromes le font pour être vus et non pas pour observer. Ce ne sont pas des espions, ce sont des perturbateurs et ils viennent avec des gros drones", explique Jean-Yves Leclercq.
Mais Liège n’a pas été la seule cible. Mardi soir, au même moment, l’aéroport de Zaventem et plusieurs bases aériennes de l’armée ont aussi été impactés par des survols de drones. Mais alors qui se cachent derrière ces vols ? Une hypothèse revient souvent sur la table. "La multiplication de ces survols de drones fait penser à une action coordonnée. Les regards se tournent vers la Russie, mais sans qu'on puisse en avoir la certitude", laisse entendre Samuel Longuet du GRIP.
Si les auteurs n’ont pas encore pu être identifiés, pour Jean-Yves Leclercq, ce sont des professionnels. "Apparemment, on a affaire à des groupes organisés qui vraisemblablement utilisent des drones fabriqués par eux-mêmes et qui sont étudiés pour ce genre de mission. On peut imaginer que les pilotes de ces drones se trouvent à grande distance, plusieurs kilomètres et, du coup, c'est très difficile de les suivre", fait savoir l'instructeur à l'École du Drone à Villers-le-Bouillet.
Le Conseil national de sécurité (CNS) doit se réunir jeudi matin. De nouvelles directives devraient être appliquées pour lutter contre de futures intrusions.