Tatouage et plagiat : une première victoire judiciaire
C'est une première en Belgique : une tatoueuse liégeoise a gagné son procès contre un concurrent lui ayant volé deux dessins. Elle est régulièrement victime de plagiat et a envoyé une dizaine de mises en demeure.
Suzanne dessine et tatoue depuis une douzaine d’années. Passionnée par son métier, elle est régulièrement victime de plagiat. Alors elle a décidé d’agir. La tattoo artist a remporté une première victoire judiciaire contre un concurrent qui a tatoué deux de ses dessins originaux. Une première en Belgique.
« C'est extrêmement important pour le milieu du tatouage au sens global du terme, parce qu'en fait, ça permet d'avoir une jurisprudence pour tous les tatoueurs qui ont eu le même problème que moi, c'est à dire qui ont subi des vols de la part de tatoueurs qui ont leurs salons et qui en fait vivent tout simplement du vol des dessins des autres collègues et les tatouent à prix réduits. Donc maintenant mes collègues peuvent aussi attaquer en justice et savent que voilà, ils peuvent obtenir des dédommagements », se réjouit la tatoueuse Suzanne Quartel.
Son combat continue
Une première victoire, mais le combat continue. Car le problème est global et concerne toute la profession selon la tatoueuse liégeoise. Une dizaine de mises en demeure sont envoyées. Elles concernent d’autres salons ou des sites de vente en ligne comme Temu ou Shein, où l’on retrouve aussi ses dessins volés.
Enfin une dernière mise en demeure sera adressée à l'état Belge. Suzanne a fondé le mouvement Unink, rassemblant une trentaine de professionnels du tatouage : « On nous a fait tout un tas de promesses en 2022 qui n'ont pas été tenues, dont la reconnaissance de la profession, stopper la vente en ligne de matériel aux tatoueurs qui n'ont pas de numéro de TVA, donc des scratcher qui n'ont pas le droit de tatouer, etc. Donc ça fait partie de quelque chose de plus gros, de plus important sur le long terme. Le combat ne s'arrête pas là. On essaie vraiment de faire changer les choses. Pour les tatoueurs en Belgique au sens global du terme, obtenir la reconnaissance en tant que profession et être protégé et plus laissé pour compte par l'État belge. »
En Belgique il faut uniquement suivre une courte formation sur l’hygiène pour accéder à la profession. Les revendications de Suzanne pour changer cela réjouissent Daniel, un autre professionnel lassé des scratchers : « Ça, c'est une très bonne chose. Moi, le plus gros problème que j'ai maintenant, ce n'est pas avec le plagiat, mais c'est plutôt avec tous ces jeunes - ou moins jeunes - mais je vais dire toutes ces personnes qui estiment que tatouer, c'est facile à faire. Donc du coup, on achète une machine sur Amazon et on refait. Et pour le moment on est envahis de jeunes tatoueurs, que nous on appelle un peu les scratchers, c'est-à-dire des gens qui à la base ne savent pas dessiner. Mais vu que maintenant les tablettes graphiques font tout pour nous... Donc voilà, c'est ça le problème qui me dérange un peu et je voudrais que le métier soit reconnu pour ça. »
L'enjeu dépasse la simple protection des dessins. C’est le début d’une bataille pour la reconnaissance et la régulation d'une profession qui peine encore à se faire entendre. Pour Suzanne, cette première victoire judiciaire est un symbole, un signal fort qu’il est possible de défendre son art et son travail.