Cancer du sein : une prise de sang pour détecter les premiers signes d'une rechute ?
Et si une simple prise de sang permettait de changer plus rapidement le traitement contre un cancer du sein métastatique ? C’est ce que montre une nouvelle étude, présentée au congrès de l’ASCO à Chicago. Explications.
En Belgique, une personne sur 8 est touchée par le cancer du sein. Dans 15 à 20 % des cas, il s’agit d’une forme avancée et donc, agressive. C’est ce qu’on appelle un cancer du sein métastatique, dit HER-2 positif.
Une nouvelle étude présentée à l'ouvre une piste qui se veut prometteuse. Un simple prélèvement sanguin, couplé à un médicament, pourrait aider à détecter plus tôt les mutations, et donc, à mieux contrôler la maladie. "C'est beaucoup plus intéressant de réagir que de laisser des signes apparaître. Comme c'est par simple prise de sang, c'est facile de faire le monitoring de la maladie." détaille Professeur Guy Jerusalem, chef de service en oncologie médicale au CHU. "Si demain, on a accès au médicament, tous les deux ou trois mois, on fait la prise de sang. Si la résistance est là, on va prescrire ce médicament plutôt de continuer avec l'hormonothérapie antitumorale alternative, qui ne fait que retirer l'exposition aux œstrogènes."
Repousser la rechute, sans recours toxiques
Grâce à ce nouveau traitement, les patientes de l’étude ont vu leur risque de cancer évoluer plus lentement. En moyenne, la ré-évolution de leur cancer a été repoussée de six mois. Plus besoin d’attendre que la maladie apparaisse sur les scanners, et donc, par extension, ne pas avoir recours à la chimiothérapie avant beaucoup plus longtemps. "On gagne six mois de contrôle de maladie supplémentaire où il n'y a pas de symptômes. C'est intéressant d'avoir un contrôle plus longtemps de la maladie." explique le professeur Jerusalem. "Parce que quand il y a des symptômes, il faut partir dans d'autres traitements qui peuvent parfois être beaucoup plus toxiques en fonction du type de présentation. Parfois, la patiente va aller en chimiothérapie par exemple. Alors qu'avec la prise de sang, on reste avec un traitement anti-hormonal oral d'une nouvelle génération qui est extrêmement prometteuse."
Des chiffres encourageants
En Belgique, les chiffres de rémission du cancer du sein sont encourageants, comme le rappelle le Professeur Jerusalem : "Aujourd'hui, on guérit jusqu'à 90 % des cancers du sein. Donc, heureusement, il y a de moins en moins de patients qui ont besoin de ce type de médicaments en maladie métastatique parce qu'on guérit plus de patients. Et si on pouvait pousser encore ces 90 % un peu plus haut, ce serait encore bien mieux."
Et pour la suite ?
Ce traitement ne s’applique pour l’instant que dans le cancer du sein métastatique. Il faudra encore attendre une dizaine d’années pour voir l’évolution, mais aussi si ce traitement est applicable avec d’autres formes de cancer.