Fouilles archéologiques à Chèvremont
Les fouilles menées sur la colline de Chèvremont réservent de bonnes surprises aux archéologues. D’importants vestiges d'épaisses murailles ont été mis au jour dans ce qu’on croyait être une simple remblais.
Le site de Chèvremont à Chaudfontaine est perché sur un éperon rocheux, une situation stratégique qui lui a valu d'être occupée à partir du VIIᵉ siècle par les ancêtres de Charlemagne. L'endroit était déjà solidement fortifié, bien avant que ne le soit la cité de Liège.
Des fouilles archéologiques y sont actuellement menées par l'AWap, l'Agence WAlonne du Patrimoine, et l'Université de Liège.
"La première fois que l'on parle dans un écrit de ce site de Chèvremont, c'est un écrit de Charlemagne", explique Denis Henrard, archéologue et responsable de fouilles à l'AWAP. "On est en 779 au VIIIᵉ siècle et Charlemagne confirme des donations faites à l'abbaye du lieu par son arrière grand père, Pépin de Herstal." L'endroit sera assiégé plusieurs fois, notamment par les Normandsn autour de 881. C'est d'ailleurs ici que es moines de Stavelot se sont réfugiés, avec les reliques de Saint Remacle. Plusieurs campagnes de fouilles avaient déjà été menées sur la colline, notamment au XIXᵉ et XXᵉ siècle, mais le site renferme encore quelques belles surprises pour les archéologues.
"Sur ce secteur de la colline, on pensait que le couvent des Carmes était en fait un tas de remblais du XIXᵉ siècle. Et ici même, en soulevant le tapis végétal, on a découvert cette enceinte qui est le barrage de la forteresse carolingienne vers l'accès au plateau, vers le pays de Herve", s'enthousiasme Denis Henrard.
Le mur fait 2,5 mètres d'épaisseur, et une hauteur de trois mètres. Sans doute mesurait il une dizaine de mètres à l'époque de sa construction.
Il faut imaginer le triple, certainement, à l'époque de sa construction. Lors des fouilles, les archéologues ont par ailleurs retrouvé des petits objets utilisés par les occupants du site il y a plus de 1000 ans.
"J’ai dans les mains une petite pièce de trictrac", nous montre Denis Henrard. "C'est un jeton qui est confectionné à partir d'os animal, qui a été poli, gravé, décoré et qui servait à des jeux de table, une occupation aristocratique à l'époque". La vaisselle suit la mode, ce qui permet aux archéologues de dater des pièces de vaisselle. Ici, c'est une céramique du Xᵉ siècle. PArmi les objets, on distingue aussi ce qui semble être une côte d'animal, qui a été façonnée, décorée avec des motifs en résille, et qui pourrait être un manche de couteau.
Si les campagnes de fouilles menées jusqu'ici ont permis de mieux comprendre progressivement le système de fortifications, un des espoirs des archéologues serait maintenant de voir plus clair dans la disposition des bâtiments qui existaient à l'intérieur de l'enceinte fortifiée, notamment l'emplacement de l'abbaye primitive qui occupait le sommet de la colline.